Après une année 2022 difficile sur le plan de l’économie et des investissements, peu de gens s’attendaient à une amélioration en 2023. Et pourtant, plusieurs indicateurs ont pris du mieux au cours des derniers mois. Tour d’horizon.
L’inflation recule…
Après avoir atteint un sommet de 8,1 % en juin 2022, l’inflation, mesurée par la hausse de l’indice des prix à la consommation (IPC), a entamé un recul qui l’a ramenée à 3,1 % en novembre dernier. Rappelons que la fourchette cible de la Banque du Canada se situe entre 2 et 3 %.
Vous n’avez pas l’impression d’une telle diminution lorsque vous allez faire l’épicerie? C’est qu’il ne faut pas confondre baisse de l’inflation et baisse des prix : le coût du panier d’épicerie continue d’augmenter, mais de façon moins marquée qu’auparavant (4,7 % d’augmentation annuelle en octobre dernier, comparativement à 11,4 % en janvier 2023).
… mais les taux d’intérêt, eux, ne baissent pas
Si l’inflation est en baisse, le taux directeur de la Banque du Canada, qui dicte les taux d’intérêt sur l’ensemble des prêts, s’est quant à lui stabilisé. En décembre dernier, la Banque du Canada l’a maintenu à son niveau de 5,0 % pour une troisième fois en 2023, mais n’a pas annoncé de baisse dans un avenir prévisible.
La Bourse a mieux fait…
Le 29 décembre dernier, l’indice S&P 500 de la Bourse américaine a terminé l’année avec un rendement annuel de quelque 24 %, ce qui signifie qu’il a récupéré l’essentiel de ses pertes de 2022.
L’indice S&P/TSX de la Bourse canadienne affiche aussi un rendement positif, même si sa performance a été moindre que celle de son équivalent américain. Au 29 décembre, il affichait une croissance annuelle d’environ 8 %.
… et le marché des obligations a pris du mieux
Quant au marché des obligations, qui avait réservé une mauvaise surprise aux investisseurs en 2022, il a lui aussi terminé l’année en territoire positif. À titre d’exemple, l’indice obligataire S&P toutes obligations canadiennes était en hausse annuelle d’environ 6,3 % au 29 décembre 2023.
Un monde de perceptions…
Ce portrait est-il plus rose que ce que vous aviez en tête? Si oui, vous n’êtes pas seul. Diverses études montrent qu’on a souvent tendance à noircir la réalité économique, en particulier pendant ou après une période difficile. Par exemple, les participants à un sondage de la Banque du Canada, au début de l’automne, avaient une perception de l’inflation beaucoup plus élevée que ce qu’elle est en réalité, et prévoyaient qu’elle allait encore augmenter au cours des 12 prochains mois – alors que la tendance est nettement à la baisse. Et aux États-Unis, un sondage du Guardian révélait à l’automne qu’une majorité d’Américains croyaient que le chômage était à son niveau le plus élevé depuis 50 ans, alors qu’il n’a presque jamais été aussi bas, et que l’économie était en récession, alors qu’elle a continué de croître.
… et d’émotions
Dans le monde de l’investissement en particulier, ce genre de biais est bien documenté par la « finance comportementale », comme on peut le lire dans cet article publié l’année dernière. Ces biais font en sorte qu’un investisseur peut baser ses décisions sur l’émotion plutôt que sur les faits, ce qui finit par se traduire par un « cycle des émotions » qui va de l’optimisme à la complaisance (dans des marchés favorables), puis à l’anxiété et au désespoir (quand les marchés chutent), puis de nouveau à l’espoir et à l’optimisme… avant de voguer à nouveau vers la complaisance.
Certes, toutes les perceptions économiques ne sont pas fausses. Par exemple, si vous avez l’impression que l’accès à la propriété demeure difficile, les faits vous donnent raison. Un relevé de Ratesdotca, en octobre dernier, a comparé le prix moyen d’une maison dans les différentes grandes villes canadiennes avec le revenu moyen des ménages qui y résident. Sauf à Edmonton, ce prix dépasse de beaucoup ce que le ménage moyen peut s’offrir. Ici, la perception concorde avec la réalité.
Rester aligné sur ses objectifs
Cela dit, il est sans doute naturel d’être influencé par des perceptions, surtout après les montagnes russes que nous avons vécues depuis la pandémie de COVID-19. Cependant, la performance des marchés boursiers et obligataires en 2023 fournit une nouvelle preuve de l’importance, pour un investisseur, de conserver une vision à long terme, de miser sur un portefeuille diversifié et de ne pas céder à l’émotion. Pour en savoir davantage sur la notion de diversification, consultez cette infographie.
En effet, les investisseurs dont le portefeuille est resté investi dans les marchés, dans des proportions cohérentes avec leur tolérance au risque, ont pu profiter du rebond de la dernière année, alors que, s’ils avaient « sorti » leurs placements, ils auraient plutôt concrétisé leurs pertes et se seraient privés d’un potentiel de rendement appréciable.
Il est vrai que certains placements plus prévisibles, comme les certificats de placement garantis (CPG), offrent actuellement des rendements qu’on n’avait pas vus depuis longtemps. Cependant, il faut rappeler qu’historiquement, cette catégorie d’actifs n’est pas celle qui a offert les meilleurs rendements à long terme : elle est dépassée par les obligations et, surtout, par les actions. Si vous croyez qu’un rendement garanti pourrait vous aider à mieux dormir, il pourrait donc être important de préciser d’abord s’ils ont une place dans votre plan financier à long terme.
Le début de l’année est d’ailleurs toujours un bon moment pour discuter avec votre conseiller, faire le point, comparer vos perceptions avec la réalité et mettre à jour votre plan de match. N’hésitez pas à le contacter!
Deux nouveautés d'intérêt en ce début d'année
D’abord, le plafond annuel de cotisation à un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) est passé de 6 500 $ à 7 000 $ le 1er janvier. Pour une personne admissible au CELI depuis sa création, le plafond cumulatif des cotisations atteint désormais 95 000 $. Ensuite, pour les propriétaires d’une PME, l’exemption du gain en capital lors de la vente de l’entreprise sera de plus d’un million de dollars à partir de 2024.
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Les sources suivantes ont été utilisées dans la rédaction de cet article.
Banque du Canada, « Taux directeur » ; « Enquête sur les attentes des consommateurs au Canada – Troisième trimestre de 2023 ».
Morningstar, « GICs vs. Bonds: Which Should You Invest In? ».
Ratesdotca, « How much mortgage can the median household income afford in these cities? ».
Reuters, « Resurgent S&P 500 crests new 2023 closing high after roller-coaster year ».
S&P Dow Jones Indices, « S&P/TSX Composite Index » ; « S&P Canada All Bond Index ».
SFL, « Quelques données pour mettre les rendements de 2022 en perspective ».
Statistique Canada, « Variation sur 12 mois de l'Indice des prix à la consommation (IPC) et de l'IPC excluant l'essence » ; « La croissance des prix dans les épiceries ralentit pour un quatrième mois consécutif ».
The Globe and Mail, « A better way to compare bonds and GICs ».
The Guardian, « US economy going strong under Biden – Americans don’t believe it ».
Wikipedia, « Effet de récence ».